L’influence des nanoparticules sur la culture du soja


Opération de désherbage dans un champ de soja. Cette culture est la cinquième au monde par ordre d'importance.

Deux types de molécules diminueraient le développement des plantes et s’accumuleraient dans leurs tissus.

C’est l’été, l’heure des crèmes solaires, des embouteil­lages de voitures diesel qui prennent l’autoroute du Soleil. Autant de sources de nanoparticules, des composés un milliard de fois plus petits qu’un mètre. Si petites soient-elles, les débats qu’elles suscitent sont houleux, concernant leurs effets tant sur la santé que sur l’environnement. Elles sont d’ailleurs classées «niveau de danger inconnu» par l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail. Pour la première fois, une étude scientifique a étudié les effets de ces particules sur l’agriculture. Ses résultats sont publiés dans les Proceedings of the National ­Academy of Sciences. (PNAS).

Les chercheurs, principalement liés à l’Université de Californie, ont montré que certaines nanoparticules sont néfastes au développement des graines de soja. Ils ont étudié la croissance de plants de soja dans un sol

contenant différentes quantités de nanoparticules. D’un côté, le dioxyde de cérium, un composé utilisé dans les pots catalytiques pour limiter les émissions de monoxyde de carbone, de l’autre, l’oxyde de zinc, contenu dans une large gamme de cosmétiques et autres lotions. Pendant 48 jours dans une serre, les chercheurs ont enregistré les caractéristiques des plantes, leur taille, la manière dont elles sont affectées par les nanoparticules. Les résultats sont sans appel.

Des effets toxiques
Dans un premier temps, l’oxyde de zinc semblait améliorer la croissance de la plante. Or, en analysant les différentes parties du végétal, il s’avère qu’il s’accumule à l’intérieur et en particulier dans les feuilles et les tiges, mais aussi dans les graines. De son côté, le cérium limite la croissance de la plante et inhibe une bactérie située dans les racines de la légumineuse, responsable de la fixation du di­azote, un élément essentiel utilisé par les agriculteurs en guise d’engrais.

Par ailleurs, les deux composés diminuent la biomasse du végétal, c’est-à-dire l’énergie réutilisable qu’elle emmagasine, un réel enjeu quand on sait qu’une partie du soja est utilisée pour produire des biocarburants ou de l’électricité. Les nanoparticules considérées par les chercheurs se retrouvent aisément dans les sols agricoles. On les trouve d’abord dans les machines qui fonctionnent au diesel sur les exploitations et libèrent directement les nanoparticules. L’épan­dage des biosolides, ces fertilisants organiques issus des eaux usées, apporte son lot de nanoparticules cosmétiques non traitées.

Les graines de soja seraient donc affectées de deux manières différentes. D’une part, les animaux d’élevage qui se nourrissent de ces graines pourraient être affectés par les nanoparticules, avec des effets toxiques déjà connus chez certains mammifères. D’autre part, les nanoparticules pourraient provoquer une baisse des rendements.

Le soja est la cinquième culture au monde par ordre d’importance, avec environ 260 millions de tonnes en 2010, dont plus d’un tiers aux États-Unis. Si la France n’est pas le plus gros consommateur de soja au monde, elle en a importé 4,5 millions de tonnes en 2010. De quoi encourager la recherche sur l’influence des nanoparticules qui envahissent notre quotidien de manière invisible.

source: http://www.lefigaro.fr/environnement/2012/08/21/01029-20120821ARTFIG00397-l-influence-des-nanoparticules-sur-la-culture-du-soja.php