En marche vers une réintroduction des farines animales en Europe ?

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La Commission européenne a voté le 18 juillet en faveur de l’autorisation des farines de porc et volaille dans l’alimentation des poissons. Point sur la levée éventuelle de l’interdiction des protéines animales transformées pour les non-ruminants.

Le 18 juillet dernier, le comité permanent de la chaîne alimentaire de la Commission européenne a voté en faveur de la réintroduction des « farines animales » de non-ruminants dans l’alimentation des poissons. Ce sont les règlements européens 999/2001 relatif aux règles de prévention, de contrôle et d’éradication des encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST) et 1069/2009 concernant l’exploitation des sous-produits animaux qui sont ainsi revus. La France et l’Allemagne sont les seuls pays de l’UE à avoir voté contre. Le texte devrait être publié d’ici la fin de l’année pour une entrée en application prévue pour le 1erjuin 2013.

Attitude de la France

En 2011, le précédent ministre de l’agriculture Bruno Lemaire avait pourtant affirmé sur RTL que « les farines animales ne seraient pas réintroduites en France tant qu’il serait ministre de l’agriculture« . Son mandat expiré, qu’en est-il de la gouvernance de Stéphane Le Foll ? Le ministère de l’agriculture n’envisage pas de s’opposer à l’application du texte en France.

En route vers la levée pour les animaux terrestres ?

Selon Jean-Luc Angot, directeur général adjoint de l’alimentation au ministère de l’agriculture et en charge notamment des EST (ndr : encéphalopathies spongiformes transmissibles), « la levée de l’interdiction pour les animaux terrestres n’est pas à l’ordre du jour car cela demande une réflexion plus importante. Elle pose d’autres problématiques que pour les poissons« . Il semble cependant que la réflexion sur le sujet soit déjà bien entamée puisque la Commission européenne finance depuis 2007 et à hauteur de 1,7 million d’euros des recherches visant à déterminer si certaines farines animales à base de porc et de poulet peuvent être réintroduites dans l’alimentation des animaux d’élevage. Rappelons la position de la Commission en 2005 : « Si certaines conditions sont remplies à l’avenir – ce qui n’est pas le cas actuellement – on pourra envisager l’alimentation croisée, par exemple à base de porc pour les poulets ou à base de poulet pour les porcs« . En France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a déjà publié en 2009 et 2011 deux avis défavorables dans l’attente de conditions contraignantes supplémentaires « pour garantir une sécurité alimentaire totale » tandis que le Conseil National de l’Alimentation (CNA) a donné son aval depuis décembre dernier.

Les protéines animales répondent à un besoin des éleveurs

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Si aujourd’hui la question de réintroduire les protéines animales transformées est à nouveau posée, c’est qu’elles présentent un avantage majeur : leur coût est faible relativement à leur richesse énergétique, critère sur lequel aucune céréale ne rivalise. Pour Laurent Alibert du pôle alimentation animale de l’Ifip, institut français du porc, animal omnivore, « le retour des protéines animales permettrait d’alléger la pression sur l’aliment qui pèse sur les éleveurs due au coût élevé et prévu à la hausse des céréales« . Il précise que l’aliment représente entre 60 et 70% du coût de revient pour l’éleveur de porc français. A cela s’ajoute le problème de gestion des trois millions de tonnes par an des sous-produits d’élevage. Certains, propres à la consommation humaine (classés catégorie 3), pourraient être recyclés via les protéines animales transformées.

Réflexion sur une filière PAT encadrée et contrôlée

« On parle de protéines animales transformées, non plus de farines animales et ce n’est pas une coquetterie de langage » explique Yves Berger, directeur général d’Interbev, l’association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes. En effet, les protéines animales transformées (PAT) sont définies par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) comme « des protéines animales qui dérivent en totalité de matières premières protéiques de catégorie 3 (co-produits d’abattage propres à la consommation humaine excluant les animaux malades) n’incluant aucun produit à partir de sang, lait, colostrum, gélatine, protéines hydrolysées, dicalcium et tricalcium phosphate, œufs, collagène« . De plus, seule l’alimentation croisée serait autorisée (alimentation des porcs avec des PAT de volaille et inversement). Les circuits de production et distribution des PAT devraient être spécifiques à chaque espèce. Un test permettant de détecter l’origine des protéines animales des farines afin de pouvoir vérifier à n’importe quelle étape du processus (production, distribution…) la bonne étanchéité des filières a d’ailleurs déjà été validé.

Toutefois, Jean-Luc Angot du ministère exprime une réserve : « le risque c’est que les PAT n’aillent pas qu’aux poissons et que la séparation stricte des filières ne soit pas toujours respectée« . Jean-Philippe Deslys du CEA ajoute que « les dérives sont par expérience difficiles à maîtriser une fois que les vannes sont ouvertes« . Dans son dernier avis, l’Anses concluait en 2011 que des progrès avaient été réalisés au niveau de la spécialisation des filières mais que les conditions n’étaient pas encore toutes réunies pour faire évoluer la réglementation, en particulier au niveau des moyens de contrôle de la bonne étanchéité des filières.

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