Fukushima : fausse technique de « décontamination miracle », vraie arnaque

Des centaines de milliers de tenues « anti-contamination Tyvek » sont stockées à Fukushima-Daiichi.

Entre autres cochonneries radioactives, le site de Fukushima-Daiichi abrite un bâtiment spécialement affecté à « l’entreposage » des centaines de milliers d’équipements usagés utilisés pour les interventions en zone sous irradiation / contamination : tenues en Tyvek (qui ne protègent en rien des irradiations rappelons-le), respirateurs (fréquemment remplacés car contaminés), bottes, gants…

Une société-fantôme américaine propose une technique de « décontamination » un peu trop miraculeuse pour être honnête…

La société américaine Vision Plasma Systems a vu son cours de bourse s’effondrer dans la journée du 17 août après avoir informé de la signature d’un marché estimé à environ 12 millions de dollars auprès de la société Japonaise qui est censée « effacer » le problème des tenues de protection contaminées à Fukushima-Daiichi.

L’arnaque est classique : une société-fantôme (pas de capital, pas ou peu de stocks) propose des descriptifs d’installations miraculeuses basées sur des techniques-miracles tout aussi fantomatiques que le capital et les stocks de l’entreprise : usines de désalinisation, centrales d’énergie mobiles, usines de retraitement de saloperies diverses et variées…

A force de prospecter (le service commercial est le seul à fonctionner), des « clients-pigeons » finissent par s’intéresser aux propositions (1), prennent contact, demandent des devis, signent parfois un avant-contrat ; Il n’en faut pas plus pour que la seconde partie de l’arnaque se mette en place.

Un « aller-retour » en bourse.

Les arnaqueurs communiquent alors largement dans la presse financière spécialisée tout l’intérêt que la compagnie-pigeon (voire une autre compagnie-fantôme associée dans l’escroquerie) (2) leur porterait avec moults détails : identification sommaire du client (Cell Runner Inc.), contexte de l’opération, montant de l’avant-contrat, (près de 12 millions de dollars dans ce cas précis), quelques détails techniques sur la technologie…

A la suite de ce « communiqué », l’action de VLNX s’envole, naturellement portée aux cieux par des nuées miraculeuses de bénéfices futurs. Peu importe que l’entreprise ne dispose d’aucun capital, que le montant de ses stocks déclarés (son inventaire) ne représente qu’environ le centième de la valeur du matériel qu’elle devrait fournir rapidement et que ladite société n’ait jamais fait la preuve de la pertinence de ses réponses technologiques : l’action bondit de 191% le 16 août. Les USA ne sont-ils pas le pays des miracles ?

Dès le lendemain, vendredi 17 août, le cours de l’action VLNX s’écroulait bien en-dessous de sa valeur initiale ; il est probable que les arnaqueurs, après avoir provoqué artificiellement l’inflation du cours de la valeur, aient revendu simultanément au plus haut leurs actions, ce qui a provoqué une dégringolade plus rapide encore que l’envolée.

La vraie solution à la contamination : patienter… quelques centaines de milliers de millions d’années !

Que la société Japonaise Cell Runner existe bien ou pas n’est pas le point essentiel de cette aventure dont la morale peut résider dans deux courtes affirmations :

– Dès que de l’argent est en jeu, miracle rime souvent avec arnaque

– Dans le domaine de la décontamination, les miracles n’existent pas

Nous nous donnons en conséquence rendez-vous  vers l’année 246.011 pour voir le problème de la tonne de Plutonium-239 recraché partiellement par l’explosion du réacteur n°. 3 de Fukushima-Daiichi le 14 mars 2011 se résoudre… naturellement par la décroissance radioactive, seule méthode de décontamination efficace à ce jour. Le Plutonium aura disparu des sols Japonais (3) pour laisser place à de l’Uranium-235, nettement moins toxique mais qui ne s’avisera de disparaitre à son tour qu’en l’année 704.000.246.011.


(1) D’autant plus dans le domaine insoluble – à ce jour – de la décontamination radioactive

(2) Le site très minimaliste de Cell Runner, la soi-disante compagnie Japonaise sous-traitante de Tepco n’incite décidément pas à croire à sa vraisemblance…

(3) Sauf survenue d’un nouvel événement fâcheux


Sources : http://gen4.fr/2012/08/fausse-decontamination-vraie-arnaque.html