La transformation vers une société durable n’a jamais été aussi près de nous que maintenant. Le modèle de la croissance infinie n’a jamais été remis en question aussi intensément et surtout par une aussi importante partie de l’élite intellectuelle que maintenant. Les scientifiques de toute provenance, les penseurs globaux de l’économie, prix Nobel à l’appui, nous avertissent. « Il est impossible de poursuivre le chemin de la croissance infinie. »

Évidemment, le maigre pourcentage de la population qui détient le pouvoir – et qui serait ainsi appelé à le partager beaucoup plus largement – n’est pas d’accord, mais ça ne change rien à la réalité : l’idéal de la croissance à tout crin s’épuise. Dans les faits, il agonise. Et la Planète en sort affaiblie.

Dans cette perspective, nous devons intensifier les projets déjà entrepris pour concevoir la forme que pourrait prendre une économie durable, une économie qui visera la consolidation et la performance plutôt que la croissance. Chaque domaine d’activité, chaque organisation et chaque territoire se doivent de réfléchir sur les modifications à apporter au fonctionnement actuel de leur collectivité, afin de l’adapter à un modèle de société qui cherchera l’efficience (faire plus avec moins), à l’opposé de notre société qui ne cherche que la croissance.

En considérant ce contexte, nous avons décidé de mettre sur pied de nouveaux groupes de réflexion sur le sujet, en portant celle-ci à sa seule conclusion possible : l’action concrète et partagée par le plus grand nombre d’individus. Ces groupes deviennent ainsi de véritables cellules catalysante d’économie durable. Notre projet veut accélérer l’émergence des formes d’économie durable dans la réalité; il faut qu’une volonté d’agir habite notre conscience de la réalité et ce, afin que la société se métamorphose… un peu comme si la chenille prenait conscience de son existence future de papillon.

Au cours des dernières années de nouveaux concepts ont émergé. Mais, le développement durable, de même que les mouvements de « Simplicité volontaire » et de « Décroissance conviviale » sont des vocables qui suggèrent tous, plus ou moins, une certaine forme d’austérité. Si nous considérons ces principes comme fondateurs de notre action, nous voulons aborder l’avenir à partir d’une base doublement positive : la frugalité joyeuse! La frugalité doit y être prise dans son sens étymologique et historique emprunté du latin frugalitas, « récolte de fruits ; modération, sobriété ». Voilà sans doute une posture imparable : le fabuleux défi auquel nous vous convions consiste à récolter les fruits de la Connaissance et de l’Expérience que l’humanité à assemblé au fil de son histoire, avec modération et sobriété! Cette récolte doit nous amener à investir dans une vision transformée de la croissance.

Passer de la consommation anxieuse à la frugalité joyeuse, voilà le défi !

La frugalité peut en plus être Joyeuse, car elle ne nécessite aucune explication, si ce n’est que travailler pour la collectivité plutôt que pour des individus sera ressentie agréablement par la tête, le cœur et le corps! Nous voulons donc participer activement à l’invention d’un mode de vie à la fois frugal et joyeux afin d’assurer un avenir durable à nos enfants. Notre but est clair. Nous nous engageons à imaginer et à tester une forme d’économie, d’industrie et de vie durables. Pour réussir cette entreprise titanesque, il faut l’aborder comme la recherche d’une forme de société qui nous permettra de vivre la frugalité dans la joie. Oui! Il faut impérativement inventer un futur joyeux, parce que le présent ne l’est pas, et s’assurer qu’il soit cohérent avec le fonctionnement de la biosphère, en y incluant la santé et le bien-être de l’humanité.

L’objectif est immense. Il faut notamment réduire notre production de CO2 et notre consommation de ressources par un facteur de l’ordre de 10. Nous n’avons pas le choix, il faut rendre l’économie cohérente avec l’écologie. Nous sommes déjà en mouvement. Nous voulons vous y associer. À petite comme à grande échelle, dans de toutes petites actions comme dans des alliances intercontinentales, nous devons provoquer une mobilisation générale en faveur d’un Québec et d’un Monde joyeusement durables.

Le jeudi 22 août dernier, dans les locaux du CRIQ à Montréal, nous avons tenu la première rencontre de la toute première cellule de Frugalité Joyeuse. Une société papillon y a pris vie, orientée vers un futur différent et joyeux. C’est le chemin que nous entendons suivre. Je vais donc utiliser une partie substantielle de mon énergie à faire grandir et à multiplier cette expérience. Il faut faire croître la société papillon; il faut qu’elle commence à exister, qu’elle investisse l’ensemble de notre créativité, car c’est une condition sine qua none pour que la société entreprenne sa métamorphose. Si l’aventure vous intéresse, joignez-vous à nous en partageant vos suggestions pour la frugalité joyeuse ou soyez des nôtres pour la prochaine rencontre en me contactant personnellement via ce blogue.

Le temps d’agir est venu. Le futur est arrivé, il faut l’accepter et ce futur, c’est nécessairement l’ajustement de la configuration et du fonctionnement des sociétés occidentales aux réalités écologiques et aux prérequis nécessaires pour assurer la santé et la longévité de la biosphère et des citoyens de la planète.

 

CONSEIL DE LECTURE SUR LE SUJET :

 » Objecteur de croissance « , économiste critique, auteur de nombreux ouvrages qui exposent les mécanismes aberrants du capitalisme transnational, Serge Latouche s’attache dans cet ouvrage à répondre, très pédagogiquement, aux critiques adressées à la  » décroissance « . La décroissance n’est aucunement une croissance négative, le retour à la bougie ou l’imposition de l’austérité, mais une a-consommation qui repose sur d’autres manières de produire les biens et les services indispensables à la vie humaine, en accord avec le respect du vivant. (1)

Serge Latouche - Vers une société d'abondance frugale - Contresens et controverses sur la décroissance.

Vers une société d’abondance frugale – Contresens et controverses sur la décroissance

Les uns ne jurent que par elle quand les autres s’offensent que le mot soit prononcé. Que recouvre l’idée de décroissance, qui ne semble pas être la même pour les uns et les autres ? Surtout, elle charrie son lot de contresens et de controverses. Nombreux sont les opposants à cette idée, qui utilisent des arguments de plus ou moins mauvaise foi. A droite comme à gauche, les critiques fusent : comment éliminer la misère dans nos contrées sans croissance ? Quel sens peut bien avoir la décroissance dans les pays du Sud ? Qui va soutenir un tel projet : les ouvriers, les classes moyennes ? Serge Latouche liste toutes les interrogations, mêlant préoccupations réelles et idées fausses en circulation, pour leur apporter des réponses précises et argumentées qui mettent un terme aux inquiétudes fantasmagoriques qui l’entourent. Non, la décroissance n’est pas synonyme de croissance zéro ; non, elle n’est pas technophobe. Ce n’est ni un projet antimoderne destiné à nous renvoyer vivre dans des cavernes, ni un programme visant à restaurer un ordre patriarcal communautaire, ni l’instrument qui ferait de nous des chômeurs. S’il fallait le dire autrement, Serge Latouche parlerait de société d’abondance frugale : voilà la transition économique et politique qu’il nous propose.

PRIX 4€37 sur la page suivante :

http://www.decitre.fr/livres/vers-une-societe-d-abondance-frugale-9782755505887.html

(1) présentation du livre sur : http://www.alternatives-internationales.fr/vers-une-societe-d-abondance-frugale–contresens-et-controverses-sur-la-decroissance_fr_art_1095_54577.html