Un salarié se suicide après l’échec du projet de reprise de son entreprise :

 

 

Un salarié de 53 ans s’est suicidé lundi après l’échec du projet de reprise de son entreprise consécutif à sa mise en liquidation judiciaire en mars dernier à Bessé-sur-Braye (Sarthe), suscitant une vive émotion, a-t-on appris jeudi auprès des élus.

En début d’année, la société Colwell, spécialisée dans la fabrication de nuanciers pour les industries automobiles et cosmétiques, se sépare d’une partie de ses salariés, passant de 110 en octobre dernier, à 75 en décembre. Elle est placée en mars en liquidation judiciaire. Puis un repreneur breton, travaillant sur le même créneau, rachète les machines, annonçant son intention de reprendre 45 salariés. Mais, en fin de semaine dernière, le projet de reprise est abandonné.

Père de deux enfants, ce salarié, qui venait d’acheter une maison, avait travaillé toute sa vie dans cette entreprise. Après avoir échappé à la première vague de licenciements, il avait effectué début juin un stage de formation de quatre jours dans la société du repreneur potentiel. Mais il avait reçu, vers le 20 juin, un courrier l’informant qu’il ne serait finalement pas repris.

Le suicide de ce salarié a bouleversé bien au-delà de la commune. Avec l’aide de la préfecture et des élus, une cellule de soutien a été mise en place pour tenter de réconforter les salariés, très touchés par un suicide qui intervient après plusieurs mois d’angoisse et d’espoirs déçus.

Une minute de silence a été observée mercredi en fin de journée. Plusieurs élus ont ensuite pris la parole.

Le sous-préfet de Mamers, Eric Cluzeau, a estimé que les salariés devaient faire face à un triple deuil: « Celui de Colwell, celui de l’espoir qui s’est envolé et celui de votre collègue qui n’est plus là ».

« C’est très dur de perdre son travail à 53 ans quand on a tout donné, qu’on a commencé à 16 ans et que tous les espoirs disparaissent », a reconnu Michel Letellier, maire de Saint-Calais et conseiller général.

Licencié en décembre, un salarié s’est interrogé: « Pourquoi la cellule de soutien psychologique n’a pas été mise en place plus tôt. A l’époque, on avait l’impression d’avoir été lâchés ».

Bessé-sur-Braye est situé à la lisière de la Sarthe et du Loir-et-Cher où vivaient un tiers des salariés de Colwell.

Source : Libération