La BCE ne prendra pas de nouvelles mesures exceptionnelles

Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi (c) Afp

Comme attendu, la Banque centrale européenne (BCE) a baissé, jeudi 5 juillet, d’un quart de point son principal taux directeur à 0,75%, un niveau jamais atteint jusqu’ici.  Ce taux était revenu en décembre 2011 à son précédent plus bas, de 1%.

Par contre, son président a balayé les espoirs de nouvelles mesures exceptionnelles. Mario Draghi, dont certains analystes attendaient notamment l’annonce d’un nouveau prêt géant et de longue durée aux banques, a déclaré n’avoir « pas de signes de fuite de capitaux hors de la zone euro », phénomène qui pourrait justifier des mesures exceptionnelles.

En baissant son taux de manière « unanime », a-t-il précisé, l’institution veut ouvrir les vannes du crédit et par ricochet soutenir l’économie en zone euro, sur fond de crise de la dette et alors que plusieurs pays de la région sont en récession et les perspectives sombres pour les autres.

La BCE a également abaissé d’un quart de point ses deux autres taux directeurs, à savoir le taux de dépôt au jour le jour, qui est désormais de 0% contre 0,25% précédemment, ainsi que son taux de prêt marginal, passé à 1,50% contre 1,75% auparavant.

Relâchement des pressions inflationnistes

Plusieurs membres du directoire de l’institution avaient entrouvert la porte à une telle démarche ces dernières semaines, et elle était largement anticipée par les analystes. Le relâchement des pressions inflationnistes en zone euro ces derniers temps accréditait l’hypothèse d’une baisse des taux, la gardienne de la monnaie unique n’ayant pas à craindre de poussée des prix en relâchant les conditions du crédit.

Cependant, cette mesure de la BCE « ne sera pas suffisante pour soutenir la confiance et donner le stimulus nécessaire à l’économie de la zone euro », jugent Christian Schulz et Holger Schmieding, de la banque Berenberg, notant néanmoins que dans les pays où des taux variables sont pratiqués, cela permettra de réduire la facture des ménages. Pour les deux économistes, il serait plus efficace que la BCE relance son programme de rachat d’obligations publiques et affiche clairement l’objectif de ne plus laisser les taux d’emprunt des pays de la zone euro flamber à des niveaux insoutenables.

Une opinion partagée par la directrice du Fonds monétaire international Christine Lagarde [avant l’annonce officielle de la BCE, ndlr], selon qui « si l’on cherche une vraie solution, l’expansion du programme de rachat de dette publique est le chemin à suivre », dans un entretien avec la chaîne CNBC. Or ce programme est à l’arrêt depuis mi-février et la BCE semble peu encline à le relancer, comme en témoignent les propos tenus mercredi par le président de la banque centrale néerlandaise. « Le programme d’achat est en sommeil profond, et va le rester », a déclaré Klaas Knot, à un hebdomadaire néerlandais.

Le FESF et le MES suffisants pour gérer la crise

Mario Draghi a jugé que les fonds de secours européens étaient suffisants pour gérer la situation actuelle en zone euro.

« Les FESF et MES, avec les nouvelles modalités (adoptées), sont adéquats pour gérer les risques et contingences que nous envisageons actuellement », a déclaré le patron de la BCE, lors de sa conférence de presse monétaire mensuelle à Francfort (ouest).

Les FESF et MES pourront participer directement à la recapitalisation des banques de la zone euro et racheter des obligations publiques des pays de la zone euro en difficulté, ont décidé les responsables politiques européens la semaine dernière à Bruxelles.

Deux revendications de la BCE, qui elle-même n’intervient plus depuis février sur le marché secondaire de la dette, malgré la flambée des taux d’emprunt de l’Espagne et l’Italie. Elle serait pourtant en droit de le faire en vertu du programme de rachat d’obligations, dit SMP, initié en mai 2010.

Mario Draghi n’a pas annoncé de reprise de ce programme comme espéré par analystes et marchés, ni annoncé de nouveau prêt sur trois ans aux banques de la zone euro, un autre espoir des investisseurs. « Il n’y a rien à gagner en voulant détruire la crédibilité d’une institution en lui demandant d’aller au-delà de son mandat », a-t-il aussi déclaré.

Source : http://www.challenges.fr/economie/20120705.CHA8673/la-bce-baisse-son-taux-directeur-a-0-75.html